Hommage à Anna Karina

Un an après la disparition d’Anna Karina, l’Institut français de Grèce et la Cinémathèque de Grèce organisent de concert un hommage en ligne à la muse de la Nouvelle Vague, du 8 au 14 décembre 2020, avec six des chefs-d’œuvre de l’actrice qu’a adorée Jean-Luc Godard.

Godard signe trois des films de l’hommage, qui mettent en vedette sa compagne de l’époque. Dans Une femme est une femme, troisième long métrage de la longue carrière de l’actrice, Anna Karina incarne Angela, une jeune strip-teaseuse qui veut devenir maman.

En 1965, à la sortie de Pierrot le Fou, le film est interdit aux mineurs, au motif qu’il promeut « l’anarchie morale et intellectuelle » ; dans ce road-movie explosif, Karina est l’énigmatique Marianne en fuite.

Enfin, dans Alphaville, admirable film de science-fiction, le spectateur est transportés dans la ville spatiale du même nom, où les émotions sont interdites. Anna Karina y joue la fille du tyrannique professeur Von Brown, lorsque l’agent secret Lemmy Caution apparaît dans sa vie.

Outre les trois films du grand réalisateur franco-suisse, l’Hommage à Anna Karina présente également La Religieuse de Jacques Rivette, resté dans l’histoire du cinéma français comme le plus grand scandale de censure d’État. Quand le film sort enfin en 1967, après les protestations publiques qu’a soulevées son interdiction, il trouve immédiatement et à juste titre la voie du succès.

Le premier long métrage de Benoît Jacquot, L’Assassin Musicien, adaptation cinématographique d’un roman de Dostoïevski, raconte la descente d’un jeune clarinettiste dans la folie et le crime.

Et enfin, le film Vivre Ensemble constitue le début d’Anna Karina en tant que réalisatrice. Cette comédie dramatique se déroule à Paris et à New York au début des années 70 et raconte l’histoire de la relation tumultueuse d’un couple.

Quelques mots sur Anna Karina

Hanne Karin Bayer est née au Danemark le 22 septembre 1940, où elle fait ses premiers pas en tant que mannequin. En 1958, elle débarque à Paris sans parler un mot de français, mais sa beauté éblouissante ne passe pas inaperçue. Un jour où elle est assise au célèbre café Les Deux Magots du Quartier Latin, une agent l’approche et lui propose de devenir mannequin. Elle est vite très recherchée. Les séances photo pour les magazines s’enchaînent, elle fréquente les grands noms du Tout-Paris, et c’est Coco Chanel elle-même qui la baptise Anna Karina.

À 19 ans, elle rencontre Jean-Luc Godard et devient sa compagne et sa muse ; elle devient aussi un symbole de la Nouvelle Vague française. Ils tournent ensemble sept films et avec Une femme est une femme (1961), Karina remporte l’Ours d’argent au Festival de Berlin.

À propos des années de sa collaboration avec Godard, elle a déclaré : « Nous n’avons jamais pensé que ces films deviendraient si célèbres, ni pour aussi longtemps. Nous étions simplement très heureux d’avoir fait des choses. Nous étions bohèmes. Nous savions que nous faisions quelque chose que nous aimions et qui était différent. »

Outre le cinéma, elle a également mené une carrière de chanteuse, principalement avec Serge Gainsbourg, elle s’est aussi illustrée dans l’écriture de romans. En 1972, Karina fonde sa propre société de production et fait ses débuts en tant que réalisatrice avec Vivre ensemble (1973), projeté lors du 26ème Festival de Cannes. En 2008, elle réalise le film franco-canadien Victoria.

Elle meurt le 14 décembre 2019, à l’âge de 79 ans.

Synopsis des films

Une femme est une femme, de Jean-Luc Godard
Avec : Jean-Claude Brialy, Anna Karina, Jean-Paul Belmondo
France, Italie / 1961 / 85 min.

Angela, strip-teaseuse du Faubourg St Denis, veut un enfant, et vite ! Emile, l’homme de sa vie et passionné de cyclisme, ne l’entend pas de cette oreille. Très bien ! Un autre homme fera l’affaire. Et pourquoi pas Alfred, voisin et ami, soupirant infatigable de la belle Angela ? D’ailleurs, il est volontaire. Le jeu c’est la vie, et Angela joue avec l’amour d’Alfred, avec la jalousie d’Emile, avec ses propres désirs. Piégé, enfin consentant, Emile s’écrie : « Tu es infâme ». Et Angela de lui répondre : « Non, je suis une femme ! »

Pierrot le Fou, de Jean-Luc Godard
Avec : Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Graziella Galvani
France, Italie / 1965 / 110 min. / Version restaurée

Ferdinand, père de famille désabusé, croise à nouveau le chemin de Marianne, un ancien flirt. Il quitte femme et enfants pour partir dans le Sud de la France avec la jeune et énigmatique baby-sitter. S’ensuit l’histoire tragique d’un couple romantique fuyant Paris pour la Méditerrannée, un road-movie exaltant où se mêlent trafic d’armes, complots politiques, rencontres incongrues, pauses bucoliques et déchirements amoureux.

Alphaville. Une étrange aventure de Lemmy Caution, de Jean-Luc Godard
Avec : Eddie Constantine, Anna Karina, Akim Tamiroff
France / 1965 / 99 min.

Dans un monde futur, Lemmy Caution est envoyé en mission à Alphaville avec cet ordre : « Prendre contact avec le Professeur Von Braun afin de le libérer, ou, s’il refuse, de le tuer… » Arrivé sur place, Lemmy Caution n’a pas le temps de commencer son enquête, que Natacha, fille du professeur, vient se mettre à sa disposition…

La Religieuse, de Jacques Rivette
Avec : Anna Karina, Liselotte Pulver, Micheline Presle, Francine Bergé, Francisco Rabal, Christiane Lénier
France / 1966 / 140 min. / Version restaurée

Forcée d’entrer au couvent, Suzanne refuse de prononcer ses vœux. Rebelle à toute autorité et désirant retrouver la vie séculaire, elle subit la cruauté d’une Supérieure sadique convaincue qu’elle est possédée par le diable. Innocentée, Suzanne trouve refuge au couvent d’Arpajon. Mais dans ce cloître accueillant où règne une totale liberté, de nouveaux pièges rôdent dans l’ombre.

Vivre Ensemble, d’ Anna Karina
Avec : Anna Karina, Michel Lancelot, Monique Morelli, Viviane Blassel, Bob Asklöf, Jean Aurel
France / 1973 / 92 min. / Version restaurée

Alain, la trentaine, est professeur d’histoire et mène avec Sylvie une vie bien rangée. À Saint-Germain-des-Prés, il rencontre Julie, une fille fantasque et très libre. Alain quitte Sylvie, et s’installe chez Julie. L’insouciance le gagne, il finit par ne plus aller travailler. Pour les vacances, Julie décide d’aller avec Alain à New York où ils s’immergent dans la bohème de Greenwich Village et rencontrent les activistes de Central Park…

L’Assassin Musicien, de Benoît Jacquot
Avec : Anna Karina, Joël Bion, Philippe March, Hélène Coulomb, Gunars Larsens
France / 1976 / 124 min.

Gilles est un jeune musicien persuadé d’avoir un don unique. En possession d’un magnifique violon, il quitte son orchestre, où il joue comme clarinettiste, et sa province, pour gagner Paris. Commence un rude parcours où il tente de démontrer son talent naissant de violoniste et durant lequel il rencontrera Louise, une jeune femme de ménage souffrante qui vit avec sa petite fille. Les déconvenues se succèdent et Gilles sombre peu à peu dans la folie.