France-Grèce : regards cinématographiques croisés
La Cinémathèque de Grèce, en collaboration avec l’Ambassade de France, l’Institut français de Grèce, la Cinémathèque française et le Ministère de la Culture et de l’Education, et avec le soutien du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), de l’EKK (Centre du Cinéma Grec) et de l’Archive d’ERT, célèbre l’amitié franco-grecque en organisant un vaste hommage à l’histoire cinématographique commune des deux pays, intitulé : France-Grèce : regards cinématographiques croisés. Cet ambitieux hommage cinématographique est prévu dans le cadre de la commémoration du 200e anniversaire de la révolution grecque de 1821.
Le public a eu un avant-goût de cette rétrospective en avril en ligne et en juin au cinéma plein-air « Laïs », dans le cadre du 21e Festival du Film Francophone, où des cinéastes grecs invités ont présenté les films français de leur choix : des œuvres qu’ils ont aimées, qui les ont marquées ou inspirées.
La partie principale de l’hommage à lieu en septembre, du 9 au 23/9/2021 au cinéma plein-air « Laïs », tandis qu’une partie sera disponible en ligne pendant la même période. Au total, 45 films seront projetés.
L’amitié franco-grecque forgée pendant la Révolution de 1821, qui a créé un fort mouvement philhellène en France, a laissé un héritage de contacts continus et fructueux dans le monde intellectuel des deux pays. Le résultat de ce dialogue et de l’étroite amitié entre Henri Langlois (fondateur de la Cinémathèque française) et Aglaïa Mitropoulou a été la création de la Cinémathèque de Grèce. Cette relation étroite s’est poursuivie après la mort des deux protagonistes et, aujourd’hui, avec Costas Gavras comme président de la Cinémathèque française, elle a acquis une base solide.
Rappelons que dans les années 1960-1980, de nombreux réalisateurs grecs ont étudié à la célèbre école de cinéma française IDHEC (Tonia Marketaki, Nikos Panagiotopoulos, Antoinette Angelidi), tandis que de grands réalisateurs comme Theo Angelopoulos ont étudié avec Jean Rouch (un des réalisateurs qui ont façonné le cinéma français). D’autres, comme Roviros Manthoulis, afin d’échapper à la junte militaire, se sont installés à Paris et ont fait une brillante carrière à la télévision et au cinéma. Ainsi, l’esprit grec et les aventures historiques de l’hellénisme moderne ont inspiré d’autres réalisateurs et de jeunes Grecs ayant étudié en France.
Le point culminant de cette relation bilatérale a été la récente et importante collaboration entre les deux cinémathèques pour la restauration et la numérisation du film de Dimitris Gaziadis, Les Apaches d’Athènes (1930).
LA RÉTROSPECTIVE
Cette grande rétrospective présentée par la Cinémathèque de Grèce met en lumière cette précieuse interaction à travers un riche programme de 45 films, répartis en trois thématiques :
*Dialogue entre les cinémathèques, d’Henri Langlois à Jean Rouch, en passant par Claude Berry et Costas Gavras : cette thématique comprend des films qui ont marqué les grandes étapes de l’histoire du cinéma, et qui ont marqué la relation entre la Cinémathèque de Grèce et la Cinémathèque française. En hommage au centenaire de la naissance du cinéaste international Michael Cacoyannis, il est prévu une projection de son film emblématique « Zorba le Grec », qui a remporté trois Oscars : meilleure photographie pour Walter Lasalli, meilleure direction artistique pour Vassilis Fotopoulos et, bien sûr, l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour la performance de Lila Kedrova, dans le rôle de Madame Hortense. Une projection spéciale sera consacrée aux « Apaches d’Athènes » de Dimitris Gaziadis.
*Influences françaises dans le cinéma grec : cette thématique mettra en lumière les influences du cinéma français sur le cinéma grec avec des projections de films grecs emblématiques. Elle comprend une sous-section « Jeunes réalisateurs grecs dans les festivals français », qui présentera certains des plus importants jeunes réalisateurs grecs qui ont excellé dans le court métrage, avec leurs films récents, dont certains sont des coproductions franco-grecques, primés ou projetés aux festivals de Cannes et de Clermont-Ferrand. Rappelons que Vassilis Kekatos a été le premier réalisateur grec à recevoir la Palme d’or du Festival de Cannes pour un court métrage, avec « Distance entre le ciel et nous » en 2019. Le programme comprend des films allant des films marquants de Theo Angelopoulos, Demos Theos, Costas Ferris, Frida Liappa, et Tonia Marketakis, aux films d’Antoinetta Angelidis, Maria Gavalas et Thodoros Soumas.
* Enfin, dans la troisième section intitulée La Grèce dans les productions françaises, l’hommage portera sur la représentation de la Grèce, tant classique que contemporaine, dans le cinéma français. À titre indicatif, des films de Jean Cocteau, Roviros Manthoulis, Adonis Kyrou, Costas Gavras et Jean-Daniel Pollet seront projetés.
*Des projections spéciales sont prévues, de films français avec des contributeurs grecs importants, tels que le directeur de la photographie GiorgosArvanitis (en présence du réalisateur Jean-Jacques Andrien), ainsi qu’un film expérimental de Maria Klonaris.
*Durant la même période (9-23 septembre), la Cinémathèque présentera également une série de films sur sa plateforme en ligne online.tainiothiki.gr.
Le film d’ouverture, le jeudi 9 septembre, sera Les Chasseurs de Theo Angelopoulos, tandis que pendant les 15 jours, les films seront présentés par : Giorgos Arvanitis et Jean-Jacques Andrien, Eva Stefani, Thanos Anastopoulos, Antoinette Angelidi, Costas Ferris, Stella Theodorakis, Katerina Thomadaki et certains des réalisateurs des courts métrages. Le programme comprendra également une discussion sur la préservation et la numérisation des films, à laquelle participeront des représentants de la Cinémathèque française, du ministère de la culture grec et de la Cinémathèque de Grèce. La discussion aura lieu le samedi 18/9 (19h30).
Comme le note Maria Komninou, présidente de la Cinémathèque de Grèce, c’est dans les années 50 et 60 que l’on assiste à l’émergence de la première vague de cinéphilie grâce aux projections de chefs-d’œuvre classiques français envoyés par la Cinémathèque française en Grèce. En fait, selon Langlois, les cinéastes grecs se rendaient au ciné-club d’Athènes « pour respirer le cinéma ». La deuxième vague de la culture cinématographique grecque s’est développée pendant la dictature et a marqué la création du N.E.K., inspiré de la Nouvelle Vague française. Les jeunes réalisateurs de la génération des années 60 avaient fait du bâtiment néoclassique de Kanari leur repaire.
Du parcours des cinéastes grecs à la reconnaissance mutuelle et à l’enthousiasme des publics français et grecs pour les œuvres cinématographiques des deux pays, le cinéma est un autre exemple du dialogue culturel ininterrompu entre la France et la Grèce.
L’hommage » France-Grèce : regards cinématographiques croisés « , met en lumière le travail des grands cinéastes, grecs et français, qui ont forgé les relations cinématographiques entre les deux pays : de Theo Angelopoulos, Jules Dassin, Nikos Panagiotopoulos et Michael Cacoyannis, à Costas Gavras, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Eric Romer, Robert Bresson, Roviros Manthoulis, mais aussi des artistes plus jeunes comme Eva Stefani, Thanos Anastopoulos et Konstantina Kotzamanis.
Une occasion unique pour le spectateur de voir sur grand écran les films phares des deux pays.
COSTA GAVRAS
Le grand réalisateur, président de la Cinémathèque française, dans son introduction, passe en revue les relations culturelles entre les deux pays, tout en établissant un lien intéressant avec Delphes, qu’il était sur le point de visiter lorsque Maria Komninou lui a parlé pour la première fois de cet hommage :
« Delphes, où le savoir-faire français a mis en lumière et aux yeux du monde tous les siècles de la civilisation grecque, non pour l’exproprier, mais pour l’offrir à ses héritiers, qui n’avaient pas les connaissances pour de telles recherches archéologiques à l’époque (…). En France, cela fait 126 ans que l’image en mouvement, le cinéma, est née. Les cinéastes grecs et leurs créations y ont trouvé leur place, la sympathie et même l’admiration des spectateurs français. L’idée de la Cinémathèque, autre racine grecque inspirée par Henri Langlois à Paris, a été reprise à Athènes par Aglaïa Mitropoulou, que Langlois a toujours admirée et soutenue avec détermination. Depuis, ces relations n’ont jamais été interrompues, ce qui conduit à la célébration actuelle du 200e anniversaire de la Révolution et de la libération de la Grèce »
LES FILMS
Vous trouverez ci-dessous la liste complète des longs et courts métrages au programme par jour de projection au cinéma plein-air « Laïs » :
JEUDI 9/9
Les Chasseurs (Theo Angelopoulos, 1977)
VENDREDI 10/9
20:00
Le fils d’Amr est mort (Jean-Jacques Andrien, 1975)
en présence de Jean-Jacques Andrien et Giorgos Arvanitis
22:30
Bathers (Eva Stefani, 2008)
Cousin, cousine (Jean Rouch, 1985)
en présence d’Eva Stefani
SAMEDI 11/9
20:00
Une nuit avec Maud (Eric Romer, 1968)
22:15
The Color of Iris (Nikos Panagiotopoulos, 1974)
DIMANCHE 12/9
20:00
Nuit américaine (François Truffaut, 1973)
22:30
Zéro de conduite (Jean Vigo, 1933)
La chute de la maison Usher (Jean Epstein, 1928)
LUNDI 13/9
20:00
Les vacances de Monsieur Hulot (Jacques Tati, 1953)
22:00
On Love (Maria Gavala, Theodoros Soumas, 1982)
MARDI 14/9
22:15
Lettre de Charleroi (Lambros Liaropoulos, 1965)
Correction (Thanos Anastopoulos, 2007)
en présence de Thanos Anastopoulos
MERCREDI 15/9
20:15
Entr’acte (René Clair, 1924)
Idées fixes / Dier Irae (Antoinetta Angelidi, 1977)
en présence d’Antoinetta Angelidi
22:15
Le monde est à toi (Romain Gavras, 2018)
JEUDI 16/9
20:00
Deux Lunes en août (Costas Ferris, 1978)
en présence de Costas Ferris
22:30
Trois jours en Grèce (Jean-Daniel Pollet, 1991)
en présence de Costas Ferris
VENDREDI 17/9
20:00
Muriel (Alain Resnais, 1963)
en présence de Christos Mitsis
22:30
La Chienne (Jean Renoir, 1931)
SAMEDI 18/9
19:30
Discours et présentation
20:30
Les Apaches d’Athènes (Dimitris Gaziadis, 1930)
22:30
Z (Kostas Gavras, 1969)
DIMANCHE 19/9
20:00
Celui qui doit mourir (Jules Dassin, 1957)
22:30
Pickpocket (Robert Bresson, 1959)
LUNDI 20/9
20:00
À bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1960)
22:00
Close… So Close… (Stella Theodorakis, 2002)
MARDI 21/9
19:30
Kha Les embaumées (Maria Klonaris, 1979-1980)
en présence de Katerina Thomadaki
21:45 courts métrages grecs :
La distance entre le ciel et nous (Vassilis Kekatos 2019)
Electric Swan (Konstantina Kotzamani, 2019)
Third Kind (Giorgos Zois, 2018)
Route-3 (Thanasis Neofotistos, 2019)
All the Fires the Fire (Efthimis Kosemund Sanidis, 2019)
Premier Amour (Haris Raftogiannis 2020)
en présence des réalisateurs
MERCREDI 22/9
20:45
Zorba le Grec (Michael Cacoyannis, 1964)
JEUDI 23/9
20:30
Bassae (Jean Daniel Pollet, 1964)
Méditerranée (Jean Daniel Pollet, 1963)
L’Ordre (Jean Daniel Pollet, 1973)
22:30
I Remember You Leaving All the Time (Frida Liappa, 1977)
LES PROJECTIONS EN LIGNE
Les films suivants seront projetés sur la plateforme online.tainiothiki.gr de la cinémathèque :
Bloko (Adonis Kyrou, 1964)
Le testament d’Orphée (Jean Cocteau, 1960)
Parlons cinéma, chapitre 21 Les anticours d’Henri Langlois (Harry Fischbach, 1977)
Conversation avec Henri Langlois (Pierre-André Boutang, 1975)
Kierion (Dimos Theos, 1968)
La Guerre Civile Grecque (Roviros Manthoulis, 1997)
John the Violent (Tonia Marketaki, 1973)
09 - 23 Sep 2021
Cinéma plein-air "Laïs" - Cinémathèque de Grèce
INFORMATIONS
Billets : 5 euros
Les billets ne peuvent être achetés qu’au guichet de la Cinémathèque. La billetterie ouvre une heure avant la première projection de la journée.
Le cinéma plein-air « Laïs » rouvre ses portes en toute sécurité, conformément au protocole sanitaire du ministère de la Culture.
En cas de pluie pendant la rétrospective, les projections auront lieu dans une salle des locaux de la Cinémathèque. Un certificat de vaccination valide ou un certificat de rétablissement est exigé pour que le public puisse entrer dans la salle. En outre, l’utilisation d’un masque et le respect des distances nécessaires pendant les projections sont requis, conformément aux directives de l’EODY. Le refus de présenter le certificat pertinent ou son absence rendra le détenteur du billet inéligible à l’admission.