Table ronde : Ethique et société dans les jeux vidéo
Tantôt critiqué comme lieu d’apologie de la violence, dénigré comme facteur et synonyme d’oisiveté, et parfois exploité comme ressource pédagogique, force est de constater que le jeu vidéo ne laisse pas indifférent. A quoi sert-il ? A quoi doit-il servir ? Constitue-t-il un danger ou une opportunité éducative ? La question de la finalité des jeux vidéo est récurrente dans les médias comme à l’école, en France tout autant qu’en Grèce. Cette table ronde, organisée dans le cadre de Novembre Numérique, a pour but de dépasser les partis pris et de réfléchir sur l’éventail de possibilités portées par les jeux vidéo.
Possibilités pédagogiques, tout d’abord, en tant qu’outil d’apprentissage, qu’il s’agisse de langue, d’histoire ou de mathématiques. Mais delà des horizons scolaires, le jeu vidéo peut être créateur de processus réflexifs et de critique sociale : c’est le pari que font les « Jeux sérieux », c’est également celui que font certaines « fictions interactives » dont fait partie le jeu « A normal lost phone », développé par les Accidental Queens. A travers l’histoire d’un téléphone perdu, le joueur, en s’identifiant au narrateur, entame grâce à l’expérience vidéoludique une réflexion sur le genre, où le jeu vidéo sert de catalyseur.
Plus d’ailleurs que de seule réflexion, se pose la question des transferts et des processus d’empathie que permet l’immersion dans la réalité virtuelle : en suivant l’itinéraire d’une réfugiée syrienne, Nour, et en associant étroitement le joueur à ses prises de décisions, le créateur de « Enterre-moi mon amour » (The Pixel Hunt, Figs & ARTE France, 2017) engage de manière sensible le joueur dans une crise humanitaire et politique contemporaine majeure, dont les médias nous offrent parfois une image sinon désincarnée, du moins lointaine.
Quant au Projet Siren, dont nous parlera Kostas Karpouzis et dans lequel il a occupé le poste de directeur technique, a reçu le prix du « meilleur jeu sérieux d’Europe » par la Serious Games Society. L’objectif principal de ce projet étant de créer un jeu pour soutenir le rôle des enseignants pour éduquer les jeunes sur la façon de résoudre les conflits.
Enfin, se pose la question de la finalité même du jeu : alors que la littérature et le cinéma ont su s’affranchir, au siècle précédent, des contraintes morales que lui imposait alors la critique, il semble que le jeu vidéo, entre art et outil, soit encore soumis à un examen minutieux de sa morale et de ses fins : cet examen est-il légitime ? Y-a-t-il des mauvais jeux vidéo ? Mathieu Triclot traitera des débats que cristallise le jeu vidéo, discussion à laquelle le public sera invité à participer.
Intervenants :
Miryam Houali, cofondatrice des Accidental Queens, créatrices entre autres de A normal lost phone et Another Lost Phone : Laura’s Story
Kostas Karpouzis, Directeur de recherche à l’Institut universitaire de recherche sur la communication et les systèmes informatiques, Université Polytechnique Nationale d’Athènes
Florent Maurin, auteur et producteur du jeu Enterre-moi mon amour
Mathieu Triclot, maître de conférences en philosophie des sciences à l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard et auteur de « Philosophie des jeux vidéo » (Zones, 2011)
Modérateur : Christophe Caporilli, historien et journaliste de jeux vidéo pour Daily Mars
24 Nov 2020
19:30
INFOS PRATIQUES
Traduction simultanée
Diffusion en direct : ifg.gr